Rappels préliminaires et historiques

Cet article fait parti de la série Le désinteressement au référendum. Article 2 sur 8.

Historique

La désaffection du corps électoral envers le politique résulte certainement d’une multitude de facteurs qui, parce que combinés les uns aux autres, conduisent à une sorte de progression d’un phénomène généralisé et inquiétant pour la continuité et la bonne santé des régimes démocratiques. Dans ce cadre il faudrait d’abord mentionner que l’abstentionnisme est beaucoup plus marqué dans les anciennes démocraties que dans les nouvelles. Dans ces régimes les hommes politiques n’ont plus la légitimité de leurs prédécesseurs car les sociétés dont il est question n’ont plus de grandes idéologies à mettre en place. L’élite politique n’assure plus un rôle de missionnaire mais a pour unique fonction de gérer les intérêts présents matériels de la nation.

D’autre part la complexité des sociétés post-industrielles rend le travail des représentants de plus en plus ardu. Parallèlement à une complexité sociale, résultant de l’hétérogénéité des différents groupements et donc une diversité des intérêts en présence – chaque décision politique engendre le mécontentement d’un plus grand nombre d’électeurs – une complexité technique est apparue. D’une part les nouvelles décisions sur lesquelles les hommes politiques ont à trancher sortent du champ partisan car elles sont étrangères aux traditionnels clivages politiques. D’autre part, Bern Manin faisait remarquer que les avancées technologiques de communication audio-visuelle contribuaient au fait que le corps électoral vote de plus en plus pour la personnalité, l’apparence, le mode de communication d’un homme politique que pour le programme qu’il entend mettre en œuvre une fois élu. Cela augmenterait la marge d’indépendance des représentants car ils se sentent dans ce cas moins liés par les promesses politiques faites pendant la campagne et joueraient sur l’imprévisibilité de leurs actions une fois au pouvoir.

A cela rajoutons les différents scandales, largement reportés dans les médias libres, visant les élus poursuivis en justice pour corruption, manœuvres frauduleuses ou détournement de pouvoir. Les électeurs n’ont plus la confiance qu’ils accordaient à ces personnes considérées comme l’élite car investies de la responsabilité de les représenter ou de prendre des décisions dont l’importance engage durablement la société toute entière.

Ce contexte politique général est renforcé par une incertitude économique et sociale résultant de l’évolution fulgurante de l’ensemble des sociétés. C’est d’ailleurs dans les années 1970 que ce phénomène a atteint son apogée. Pendant cette période, les différents gouvernements ont eu à faire face à plusieurs grandes crises économiques. C’est aussi une preuve significative que la crise dont il est question repose autant sur des fondements psychologiques de la part des électeurs qui associent trop vite un contexte politique difficile à une faute des représentants.

L’ensemble de ces facteurs cumulés les uns aux autres aboutit à une certitude : il y a une perte de légitimité et de représentativité des grandes institutions étatiques tels que le parlement et le gouvernement. C’est dans ce contexte politique que des instruments de démocratie directe ont été greffés dans les systèmes représentatifs. En témoigne la multiplication des référendums dans les Etats depuis 1970. Les systèmes représentatifs dérivent donc vers des systèmes de démocratie directe.

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