Le compromis

Cette fois ça ne rigole plus. Le moment est venu de transformer les paroles en acte. Le rendez-vous chez le notaire pour la signature est fixé pour le 26 mai. Ça sera l’occasion de voir les vendeurs pour la première fois. L’agence immobilière nous conseille une étude avec laquelle elle travaille habituellement, du moment que ce n’est pas le vendeur qui choisi l’étude ça ne pose aucun problème.

Pour le compromis l’assistant du notaire me demande uniquement un chéquier. L’étude notariale a des horaires de bureau donc pas de possibilité d’y aller après le travail, la demi-journée de congés est obligatoire.

Le vendeur arrive avec 30 minutes de retard. Les bouchons de Marseille à 18h ne lui sont pas familier, pas plus que de devoir se garer en centre-ville. Le vendeur arrive avec sa famille au grand complet : sa femme, son fils et sa fille. Les enfants vont garer la voiture pendant que nous faisons les présentations. La télévision dans la salle d’attente du notaire diffuse un reportage sur les prix de l’immobilier qui flambent avec des records à 8.000 € le m² à Paris. Mon futur appartement est à peine à 2.300 € le m². Certes il y a des travaux mais ça reste quand même bien en dessous de la moyenne. J’espère juste que ça ne va pas donner des idées au vendeur qui va me faire une volte-face en plein dans la salle d’attente. L’agent immobilier arrive à peine, maintenant que tout le monde est là on va pouvoir commencer la procédure.

De mon côté je ne m’étais pas renseigné sur le fonctionnement du compromis ainsi que les pièges à éviter. Ce fût une erreur qui n’a pas de grandes conséquences dans mon cas. En tout cas les conséquences ne sont pas encore apparues. C’est parti pour écouter parler le notaire pendant 1h30. On commence par les présentations rapide puis on enchaîne immédiatement sur la lecture du compromis. Ça va trop vite pour moi, je ne comprend pas la moitié des termes utilisés dans des tournures de phrases à rallonge. Une phrase m’interpelle quand même : la copropriété est en procès avec un entrepreneur qui a refait la toiture il y a 2 ans. La copropriété a attaqué l’entrepreneur qui a fait les travaux et a perdu. En retour l’entrepreneur a attaqué la copropriété pour je ne sais plus quel motif, en tout cas il a gagné. Il obtient une somme d’argent équivalente à 8.000 € par copropriétaire. Le procès n’étant pas terminé on convient que toutes les dépenses liées à cette affaire reviendront au vendeur.

Les enfants du vendeur arrivent dans le bureau, on est maintenant 7, je me sens un peu seul de mon côté. La lecture du compromis se poursuit sans interruption jusqu’à la fin. Puis le notaire enchaîne sur la lecture des fichiers diagnostics. Il m’en fournit une copie en noir et blanc illisible sur laquelle il est impossible de suivre les chiffres qu’il m’annonce. Rien ne m’interpelle cependant dans ce qui est lu : pas d’amiante, pas de plomb, pas de thermites, classe énergie C (une très bonne surprise). On passe à la suite tant pis pour les diagnostics je les regarderai plus au calme chez moi. Une condition suspensive sur l’obtention d’un crédit est ajoutée au compromis : les limites sont fixées à 20 ans pour un taux d’intérêt de 5%.

On commence à parapher les papiers, il y en a tellement qui passent que je n’ai même pas le temps de les lire. Tant pis je signe on verra plus tard, de toutes façons il y a le délai légal de 10 jours pour se rétracter sans frais. Au milieu de la signature, un détail fait réagir la femme du vendeur sur la procédure judiciaire en cours. Elle commence à expliquer que de toute façon le propriétaire du 3ème est un procédurier, qu’il réquisitionne le syndic pour ses travaux personnels… Le vendeur essaye de la faire taire en changeant de sujet, l’agent immobilier pourtant si à l’aise pour donner son avis et y aller de son commentaire baisse les yeux. La femme continue en expliquant que justement c’était pour ça qu’ils avaient refusé de vendre l’appartement à cette personne : pour ne pas qu’elle ait la majorité aux réunions du syndic !! Car le couple vendeur conserve encore un appartement dans l’immeuble… Le vendeur n’arrive toujours pas à faire taire sa femme. La voilà enfin l’explication du pourquoi l’offre du voisin avait été refusée au profit de la mienne pourtant bien plus basse. L’agent immobilier arrive à détourner la discussion en questionnant les enfants du vendeur sur leurs études et en racontant l’histoire de son propre fils. Comme si c’était le moment.

On passe ensuite au chèque de réservation comprenant 5% du prix de l’appartement + 400 € d’avance pour les frais notariés. Ce qui fait un peu plus de 12.000 € : le plus gros chèque de ma vie. Le cœur s’emballe un peu au moment de l’écrire, d’ailleurs il a fallu s’y reprendre à 2 chèques pour y arriver. Il est maintenant 20h30 et le compromis est signé. Le notaire nous met dehors par la sortie de secours sauf l’agent immobilier qui reste avec lui en rigolant.

Cette fois on y est en plein dedans, le vendeur ne peut plus revenir sur la vente et de mon côté j’ai 10 jours pour me rétracter. Si il n’y avait pas cette histoire de voisin et de procès ça aurait été parfait.

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